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Dernières avancées dans la conservation du faisan d’Edwards

Alain Hennache

 

Depuis la fin l’année 2012, le projet de conservation du faisan d’Edwards a bien évolué, dans plusieurs directions, même si les choses ne vont pas aussi vite que je l’aurais souhaité.

Côté analyses génétiques, nous achevons la première phase, qui n’est pas la moindre. Une somme d’environ 10000 euros a pu être rassemblée entre les chapitres WPA européens et des ONG comme le ZGAP. WPA France s’est engagé pour une participation de 2000 euros. Le laboratoire a été choisi, il s’agit du laboratoire Biogenomics à Louvain (Belgique) qui a déjà effectué les analyses d’ADN sur une cinquantaine d’échantillons de Tragopan pour le compte de la WPA Bénélux. Il est prévu d’évaluer la diversité génétique qui pourrait rester dans la population captive du faisan d’Edwards et de détecter d’éventuels hybrides. Les échantillons ont été choisis par Alain Hennache pour l’Europe, en se basant sur les données du studbook. A ceux-ci vont s’ajouter une douzaine d’échantillons américains choisis par Chris Holmes, du zoo de Houston, avec l’aide de Don Butler, qui a essayé de reconstituer les récents transferts de faisans d’Edwards aux USA. Ludo Pinceel s’est chargé de rassembler les échantillons européens et Heiner Jacken, de retour d’un voyage aux USA, devrait rapporter prochainement les échantillons américains. A notre connaissance, il manque encore des échantillons en provenance du Japon. Nous avions demandé au TAG galliformes (EAZA) de prendre contact avec leurs collègues japonais mais nous n’avons aucune nouvelle à l’heure où nous écrivons cet article. La recherche des échantillons destinés aux analyses d’ADN a permis de retrouver d’autres faisans d’Edwards présentant des rectrices blanches analogues à celles du faisan du Vietnam, notamment aux USA chez des éleveurs privés.

Parallèlement à l’analyse d’ADN, nous devrions pouvoir commencer à étudier l’hérédité et le mécanisme de transmission des rectrices blanches chez la forme dite « faisan du Vietnam ». A cette fin, 6 couples mixtes faisan d’Edwards X faisan du Vietnam (et vice versa) ont été constitués en France (à Clères), en Allemagne et au Bénélux. L’acquisition d’éventuelles plumes blanches sera soigneusement contrôlée chez les descendants au cours des deux ou trois prochaines années, de même que la possibilité que ce phénotype soit lié au caractère sexuel. La recherche des individus devant servir de reproducteurs pour ces croisements a donné lieu à une autre découverte, imprévue celle-là ; certains faisans du Vietnam nés de parents à phénotype « plumes blanches » caractéristique et bien visible, n’ont jamais acquis de rectrices blanches, si bien qu’ils sont en tout point similaires à des faisans d’Edwards ! Ceci pourrait confirmer que les rectrices blanches sont bien issues d’une dérive génétique et que le simple fait d’apparier des faisans du Vietnam d’origine géographique différente rétablit une diversité suffisante pour que les plumes blanches n’apparaissent pas.

Troisième avancée, la création d’un consortium regroupant tous les principaux acteurs de la conservation du faisan d’Edwards, aussi bien in qu’ex situ. Il a été créé à l’initiative de Peter Garson, co-président du Galliformes Spécialist Group et permet à toutes les personnes étroitement impliquées dans la conservation de cette espèce d’être informées sur les avancées la concernant grâce à un forum facilitant la communication. Matthew Grainger en est l’animateur ; il s’était déjà fait connaître lors des dernières tentatives de localisation du faisan d’Edwards in situ, dans les réserves de Khe Nuoc Trong et Dakrong. Récemment, Matt, grâce à divers logiciels (DIVA GIS et ESRI ArcMap), a identifié les fragments forestiers susceptibles d’accueillir les derniers faisans d’Edwards dans les Provinces de Ha Tinh, Quang Binh, Quang Tri et Thua Thien Hue ; ces premiers résultats devraient être affinés en tenant compte d’autres facteurs écologiques concernant notamment l’exposition, l’orientation, l’hygrométrie relative moyenne. Ceci permettrait de cibler les prochaines recherches de l’espèce in situ, en collaboration avec BirdLife international.

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