L'élevage des ithagines ensanglantée
Les ithagines sont parmi les faisans les plus difficiles à garder en captivité, ce qui explique que les populations captives soient plutôt anecdotiques, le premier élevage réussi ayant, semble-t-il, été effectué par Grahame, en 1971. Ceci est probablement lié à leur habitat montagnard, d'une part, qui les rend très sensibles à de nombreuses maladies (aspergillose, parasitoses diverses) et à leur régime alimentaire, d'autre part, presque exclusivement végétarien, quoique les insectes soient aussi appréciés.
Les ithagines doivent être gardés en couple, les mâles se montrant agressifs entre eux durant la période de reproduction. La proximité d'autres couples dans des volières adjacentes peut avoir un effet stimulant sur la reproduction (Grahame, 1971). Compte tenu de leur habitude de manger l'herbe des parquets, à la manière des oies, il est tentant de les garder dans une volière dont le sol est engazonné. Dans ce cas il faut que la volière soit très grande (100 mètres au moins par couple) afin de limiter les risques de contamination par des parasites, avec un sol parfaitement drainé, les ithagines, comme beaucoup de faisans, détestant l'humidité. Si la volière est plus petite (15 m. suffisent), le sol sera alors artificiel (gravier, écorces) afin de rompre les cycles parasitaires en supprimant les hôtes primaires ou secondaires vers de terre, arthropodes divers, mollusques. Dans tous les cas on ne saurait trop insister sur une propreté et une hygiène rigoureuses, seules aptes à limiter les risques d'infection par des agents pathogènes divers. Les oiseaux doivent disposer d'un bâtiment clair et couvert, pas nécessairement grand mais destiné à les protéger de la pluie et du soleil, et dont le sol doit être facile à désinfecter (ciment couvert d'écorces par exemple).
A notre connaissance, aucune expérience d'élevage sur grillage, méthode utilisée parfois pour les tétras par exemple, n'a été relatée mais ceci nous semble possible en adaptant la maille à la taille des pattes. L'élevage sur grillage a l'avantage d'isoler les oiseaux du sol et de rompre tous les cycles parasitaires.
L'eau de boisson doit être renouvelée fréquemment, surtout en été.
L'alimentation en captivité est également l'un des facteurs clé de la réussite. Le régime est essentiellement à base d'herbe coupée, complété par des fruits et végétaux divers pomme, baies de saison, salade, trèfle… auxquels on ajoutera quelques graines (blé, millet, sorgho, graminées vertes diverses), quelques granulés pour faisan, un peu de pâtée pour insectivores et des vers de farine.
Les quelques expériences d'élevage qui ont été relatées semblent montrer que l'élevage des jeunes ne pose pas de problèmes particuliers, bien que ceux-ci semblent d'abord très timides et sauvages. Les poussins sont élevés pendant deux semaines avec des miettes pour dindonneaux, auxquelles on ajoute, dès les premiers jours, de la verdure finement hachée et des vers de farine coupés. A partir de deux semaines, on augmente progressivement la quantité de verdure en la diversifiant et en ajoutant quelques graines de millet et un peu de pâtée pour insectivores.
La durée d'incubation est de 27 à 29 jours.
Compte tenu de la sensibilité de cette espèce aux parasitoses, on ne saurait trop insister sur la mise en place d'un programme de vermifugation efficace.
par Alain Hennache
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Pour en savoir plus
MONOGRAPHIE DES FAISANS