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L'élevage des tragopans

    Les tragopans sont des faisans attirants non seulement par leur beauté, mais aussi par leur gentillesse et leur caractère placide. Ce sont des oiseaux confiants qui viennent facilement près de l'éleveur y chercher une éventuelle friandise. Il est facile de les élever avec d'autres faisans ou des colombes. Il s'agit sans aucun doute des espèces de faisans les plus faciles à garder en mélange d'espèces.
    Ils sont rustiques, en raison de leur origine montagnarde, et ne craignent ni le froid, ni la neige. Par contre ils sont assez sensibles à l'humidité et surtout aux fortes chaleurs estivales.
    On les garde habituellement en couple mais il est parfaitement possible de les élever en trio et d'obtenir des œufs fécondés des deux femelles. Les couples sont faciles à constituer, que les oiseaux soient jeunes ou âgés.
Deux types de logement conviennent aux tragopans la volière classique, d'environ 25 m2, comportant un abri (qui peut être ouvert) contre la pluie ou le soleil grand enclos, couvert d'un filet, dont la surface peut atteindre plusieurs centaines de m2, et qui peut alors contenir plusieurs couples (de tragopans). Dans ces grands parquets, l'abri n'est pas nécessaire si les oiseaux disposent d'une végétation épaisse et abondante susceptible de les protéger des intempéries. Dans les deux cas on veillera à ce que les oiseaux disposent de perchoirs, naturels ou artificiels. Le sol doit être bien drainé, couvert de gazon, au moins partiellement, et peut comporter des souches ou des rochers sur lesquels ils sont souvent perchés. Les grands parquets présentent l'avantage de permettre aux oiseaux d'avoir plus d'exercice que dans une volière de taille réduite, et donc d'être moins sujets à l'embonpoint, fatal chez les tragopans
    L'alimentation des tragopans est essentiellement à base de fruits, de racines et de végétaux, bien qu'ils ne dédaignent pas les invertébrés, surtout au moment de la reproduction et de l'élevage des jeunes. En captivité, on leur distribuera des granulés faisans «» (moins de 20% de protéines), en faible quantité (1/4 de la ration), et surtout un mélange de fruits et de verdure, le plus varié possible. Dans ce but on pourra planter les volières ou parquets avec de petits fruitiers, tout en évitant les plantes toxiques cotoneasters, sorbiers, groseilliers ou framboisiers sauvages, spirées, etc. Il est possible d'adjoindre quelques graines à la ration, comme du blé par exemple, mais on évitera le maïs, trop riche et provoquant un engraissement important, véritable maladie des tragopans et cause de mortalité précoce. Delacour écrivait«sont sujets à mourir d'apoplexie, surtout les mâles» (Delacour, 1983). Il nous est arrivé, effectivement, de perdre deux mâles de tragopan satyre, alors qu'ils étaient en pleine parade. Ils sont tombés raides, cornes et bavette déployées, alors qu'ils paradaient intensément auprès de leur femelle. Mais ceci n'avait rien à voir avec une attaque d'apoplexie. L'autopsie a montré dans les deux cas une rupture d'anévrisme et un état d'engraissement excessif, les deux phénomènes étant liés. C'est pourquoi nous conseillons un régime pauvre en protéines, surtout si les animaux n'ont pas beaucoup d'exercice.
    Les mâles paradent très tôt, dès la fin de l'hiver, en mars, mais les femelles ne pondent qu'en avril. Les sites de ponte sont variables mais il faut dire que les femelles tragopan ont une prédilection pour les paniers en osier, ou les petits cageots, accrochés en hauteur, entre 1m et 2m du sol. Faute de quoi, elles peuvent très bien pondre au sol, sous un buisson ou dans un coin de l'abri. La taille de la ponte varie suivant les espèces, généralement de 2 à 6 œufs, et la durée d'incubation est de 26 à 29 jours, suivant les espèces également, le tragopan de Cabot ayant la durée la plus courte. Les femelles tragopan sont généralement bonnes couveuses et bonnes mères, quoiqu'il y ait bien sûr des exceptions, surtout chez les jeunes femelles. Le mâle ne participe normalement pas à l'incubation mais il peut s'occuper également des jeunes. Pat Corder a signalé (2000), qu'un mâle tragopan satyre avait non seulement assuré toute l'incubation mais également élevé le jeune qui en avait résulté.
    L'incubation artificielle est facile, à condition de maintenir une hygrométrie basse, inférieure à 40% généralement, et une température de 37,5°C.
Les poussins de tragopans, véritables petites boules de duvet, sont attachants car très familiers. Leurs ailes sont bien développées et ils peuvent voleter et se percher dès l'âge de deux ou trois jours.
    Au départ, leur régime doit être riche en protéines et consiste en pâtée «démarrage» pour faisandeau à laquelle on ajoute, après 48h, des insectes mous et triturés, comme des vers de farine venant de muer et éclatés. Dès le 3 ou 4 jour on peut ajouter un peu de verdure finement hachée mais les premières graines ne doivent pas être distribuées avant l'âge de 2 semaines. On commencera avec des petites graines (millet, chènevis, etc.). Progressivement, la ration devra comprendre plus de fruits et de verdure et on remplacera l'aliment de démarrage par de l'aliment de croissance, les petites graines par du blé.
    La croissance des tragopans est lente, comparativement à celle d'autres espèces de faisans. Il est possible de les élever avec des poussins d'autres espèces mais il faudra veiller à choisir des espèces à régime alimentaire similaire et surtout ne grandissant pas trop vite, car elles pourraient «» les jeunes tragopans, surtout au moment de la distribution de nourriture, et les dominer. L'eulophe est une excellente espèce à élever avec des tragopans mais il faut par exemple éviter de les mélanger avec des jeunes lophophores, plus nerveux et à croissance plus rapide.
Les jeunes tragopans supportent difficilement les excès de chaleur.
    Il faut également éviter de les élever sur du sable car ils l'absorbent avec la nourriture répandue autour du plat, ce qui peut entraîner des occlusions intestinales et la mort. Pour notre part nous préférons les garder sur grillage pendant les 2 premières semaines puis sur des tapis en moquette jusqu'à leur âge de sortie en volière.
    En cas d'élevage naturel les jeunes tragopans peuvent rester avec les parents jusqu'à la fin de l'hiver suivant leur naissance, soit fin janvier, début février.

    Les tragopans adultes ne semblent pas plus sensibles aux maladies aviaires que les autres faisans, à l'exception de l'aspergillose, comme toutes les espèces montagnardes d'ailleurs.


par Alain Hennache
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Pour en savoir plus

MONOGRAPHIE DES FAISANS

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